Brigitte m'a appelée pour annuler son rendez-vous. Je la connais bien, c'est une habituée, même si elle ne vient pas très souvent. Elle tenait à m'expliquer pourquoi elle ne viendrait pas.

Son chien Tobby ne mangeait presque plus depuis quelque temps. Il se mettait à trembler dès qu'il entendait la sonnette. Pourtant, il n'y avait pas eu de traumatisme visible, rien qu'elle puisse identifier. Simplement, quelque chose avait changé chez lui.

Puis elle m'a dit une phrase qui m'a vraiment touchée : "Je le vois vieillir, Cindy. Et je crois qu'il n'a plus envie qu'on l'embête, même pour être joli."

Sa voix ne tremblait pas, elle ne pleurait pas mais j'ai senti qu'elle avait la gorge serrée. Moi aussi, d'ailleurs. Je le connais bien Tobby. C'est un chien si doux.

Je lui ai répondu : "Alors on ne fera rien. On ne le forcera pas. Mais si vous voulez venir juste pour qu'il soit touché doucement, sans coupe, sans bruit, vous n'avez qu'à me le dire."

Elle est venue deux jours plus tard. Nous avons simplement brossé Tobby, très lentement. Nous avons pensé peu utile de faire plus que ça. Il fallait de la douceur, c'est tout. Quand elle est repartie, elle m'a confié : "Je ne savais pas que ce genre de rendez-vous existait."

Je vous raconte cette histoire parce que parfois, notre lien avec un animal ne consiste pas à le faire paraître beau. Notre lien nous incite affectueusement de faire une place à son âge, à ses peurs, à sa fatigue. Et c'est aussi pour cela que nous nous retrouvons ici, dans ce Club : pour respecter ces moments-là.